Si l’on considère le Roman national comme une interprétation épique et mythologique du passé de la France envisagée comme une entité éternelle et quasi-intemporelle, dont la Révolution constitue un moment décisif, force est de constater que les chartistes ont souvent apporté une réponse cinglante et caustique à ses principaux thuriféraires, notamment Jules Michelet.
La Revue des Questions historiques, éditée de 1866 à 1939 et peuplée de chartistes, a constamment opposé à ce bloc de mémoire progressiste une conception providentielle et ultramontaine : dans cette perspective, la France n’était pas la Fille aînée de la Révolution, mais le bras armé de la papauté dans sa défense de la Chrétienté ad majorem Dei Gloriam.
À y regarder de plus près, les choses sont nettement plus complexes et nombre de chartistes ont contribué au rayonnement du Roman national non seulement par leurs écrits historiques, mais aussi par leurs positions courageuses lors de l’Affaire Dreyfus et leurs actions héroïques dans la Résistance.