Frise chronologique
Les grandes dates de l’histoire de l'École nationale des chartes - PSL.
1681
Parution du De re diplomatica de Jean Mabillon
L’École des chartes est traditionnellement considérée comme l’héritière des bénédictins mauristes de Saint-Germain-des-Prés, abbaye parisienne où Jean Mabillon (1632-1707) élabore son De re diplomatica, vaste ouvrage pratique et théorique dans lequel sont exposées les règles de la critique historique des chartes. Marc Bloch voyait dans l’année de sa publication « une grande date en vérité dans l’histoire de l’esprit humain ».
1807
Un « noviciat » de jeunes savants érudits
Le baron de Gérando, secrétaire général du ministère de l’Intérieur, propose à Napoléon Ier la création d’une « école spéciale d’histoire » ayant son siège à Paris pour former aux disciplines de l’érudition, en premier lieu la bibliographie. Approuvé par l’empereur, qui considère que « la manière de lire l’histoire est, à elle seule, une véritable science », ce projet ne peut être mis en œuvre avant la Restauration.
1821
L’ordonnance fondatrice
Les bouleversements apportés durant la Révolution à la documentation héritée de l’Ancien Régime, avec la création d’institutions de conservation comme les Archives nationales et départementales, fait émerger le besoin de transmettre les disciplines érudites cultivées par le passé. Instituée par l’ordonnance royale du 22 février 1821 et installée à la Bibliothèque royale, la nouvelle École renvoie aux chartes médiévales, mais s’inscrit aussi dans un régime gouverné par la Charte constitutionnelle du 4 juin 1814, pensée comme garante de libertés.
1829
Institution du titre d’archiviste paléographe
Une ordonnance du 11 novembre 1829 institue une scolarité de trois années, débutant par un an d’enseignement élémentaire de paléographie, puis de deux autres consacrés à la « science critique des monuments écrits », le tout sanctionné par des examens. Les élèves reçus à ces derniers reçoivent le titre d’archiviste paléographe ; la liste de leurs noms est proclamée, depuis 1833, lors de la séance solennelle de rentrée de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.
1834
Naissance du Comité des travaux historiques et scientifiques
François Guizot, ministre de l’Instruction publique depuis octobre 1832, organise la science historique pour favoriser la recherche et la publication des sources de l’histoire de France. Il institue le 18 juillet 1834 un Comité de l’histoire de France, devenu en 1881 le Comité des travaux historiques et scientifiques. Les professeurs de l’École et ses anciens élèves, parfois qualifiés de « guizotins », en ont été dès le départ des membres actifs.
1839
Création de la Bibliothèque de l’École des chartes
Initiative des anciens élèves regroupés dans une Société de l’École des chartes en 1839, la création d’une revue la même année vise à fournir un organe de diffusion pour leurs travaux d’érudition. La Bibliothèque de l’École des chartes est ainsi l’une des plus anciennes revues savantes françaises, internationalement connue et reconnue par ses articles d’histoire et de philologie.
1846
La deuxième naissance de l’École
Une ordonnance du 31 décembre 1846 donne à l’École son aspect moderne : une pluridisciplinarité dans l’enseignement qui met en valeur la diversité des sources historiques, un directeur, des locaux et une bibliothèque propres et l’obligation faite aux élèves, pour l’obtention de leur diplôme, de soumettre un « acte public sur le thème qu’ils ont choisi », origine de la thèse d’établissement qui fait l’objet de Positions des thèses (résumés) imprimées.
1897
L’installation en Sorbonne
Établie depuis 1847 aux Archives nationales, l’École des chartes s’installe à l’automne 1897 dans la Nouvelle Sorbonne, où elle occupe, avec son entrée propre, les locaux initialement destinés à la faculté de théologie. Ce rapprochement immobilier consacre la place remarquable qu’occupe l’établissement dans l’enseignement universitaire français.
1899
L’engagement dans l’affaire Dreyfus
L’affaire Dreyfus, qui éclate en 1894, est l’occasion pour les chartistes de mettre leur science au service d’une cause qui dépassait les cercles érudits. Émile Zola sollicita le concours du directeur, Paul Meyer, et des professeurs de l’École, Arthur Giry et Auguste Molinier, pour apporter leur expertise paléographique afin d’innocenter le capitaine Dreyfus. Un autre professeur, Paul Viollet, participa activement à la création de la Ligue des droits de l’homme en 1898, dont il corédigea les statuts.
1906
La première grande école mixte
Aucun texte ne stipulait que les élèves de l’École des chartes devaient être exclusivement masculins. En 1906, pour la première fois, la fille d’un polytechnicien, Geneviève Aclocque, réussit le concours d’entrée, une première qui fut saluée par les journaux de l’époque : « Le public ne peut plus croire à l’infériorité du sexe féminin ». Après la Grande Guerre, le rythme de féminisation s’accéléra : dès 1924 la parité fut atteinte et bientôt dépassée durant la décennie 1930.
1914-1918
Le tribut de la Grande Guerre
307 archivistes paléographes et élèves de l’École furent mobilisés durant la Première Guerre mondiale. 51 d’entre eux trouvèrent la mort au combat, un taux (16 %) conforme à la moyenne nationale. Les effets démographiques de la saignée qui atteignirent les plus promotions les plus jeunes se firent durement ressentir deux ou trois décennies plus tard.
1919
Institution des classes préparatoires dans les lycées
Dans le prolongement des classes préparatoires littéraires mises en place au début du XXe siècle, une première classe spécifique pour le concours de l’École des chartes est ouverte en 1919, d’abord au lycée Louis-le-Grand, puis au lycée Henri-IV. Une deuxième préparation est offerte en 1964 au lycée Pierre-de-Fermat de Toulouse et une troisième en 1986 au lycée Fustel-de-Coulanges de Strasbourg. La réforme du concours d’entrée de 1991 qui institue deux filières à l’entrée de l’École a encore élargi le nombre des lycées préparant à l’École des chartes.
1950
Le stage technique
Répondant à un vœu ancien des élèves et de la profession, la direction des Archives en France met en place un stage technique de fin d’études pour préparer les élèves diplômés aux aspects concrets du métier d’archiviste ; il devient en 1951 le « stage technique international d’archives », qui met désormais en contact les jeunes archivistes paléographes avec leurs futurs collègues venus d’horizons variés. Les élèves futurs bibliothécaires reçoivent une formation professionnelle confiée à partir de 1963 à l’École nationale supérieure de bibliothécaires (devenue ENSSIB en 1992).
1968
La crise universitaire
Comme d’autres établissements, l’École des chartes est affectée par la crise de Mai 68. Les élèves y dénoncent un enseignement inadapté aux défis professionnels et un manque de liens avec l’université. La sortie de crise sonne le glas d’un programme de formation unique pour tous les élèves : elle débouche sur la création de nouvelles chaires, l’introduction de cours optionnels, l’ouverture sur des sources et des problématiques contemporaines et l’association plus étroite avec les cursus universitaires.
1986
Le rattachement de l’Urfist
Dès sa création en 1986, l’Unité régionale de formation à l’information scientifique et technique de Paris est rattachée à l’École des chartes. Comme ses six homologues répartis sur le territoire national, son offre de formation et d’accompagnement s’est progressivement élargie à la maîtrise des outils informatiques, la recherche sur internet, la publication scientifique ou la production de contenus numériques.
2006
Création du master TNAH
Poursuivant sa politique d’arrimage à l’institution universitaire, l’École des chartes crée à la rentrée de 2006 un diplôme de master « Technologies numériques appliquées à l’histoire », pionnier dans l’application du numérique aux travaux de recherche, au traitement et à la valorisation du patrimoine. Cette nouvelle offre de formation s’est poursuivie avec l’ouverture en 2016 d’un master « Histoire transnationale », en partenariat avec l’École normale supérieure, et en 2017 d’un master « Humanités numériques ».
2010
La délivrance du doctorat
Alors que la thèse d’École des chartes a pu être qualifiée dès 1904 de « doctorat d’histoire de France », il faut attendre 2010 pour que l’École des chartes reçoive la capacité doctorale, actuellement en co-accréditation avec Sorbonne-Université et avec l’École pratique des hautes études. En 2023, plus de 40 doctorants sont intégrés au Centre Jean-Mabillon, le laboratoire de recherche de l’École.
2014
Installation rue de Richelieu
Dernier avatar de son histoire immobilière, l’installation de l’École des chartes au 65 rue de Richelieu en 2014 la ramène presque à son point de départ, la Bibliothèque nationale. La bibliothèque de l’établissement l’a rejointe en 2016 au 12 rue des Petits-Champs et ses instituts rattachés (CTHS, URFIST) ainsi que son laboratoire de recherche ont trouvé place en 2019 au Campus Condorcet.
2017
Membre de l’université Paris Sciences et Lettres
L’École nationale des chartes est devenue membre de l’université Paris Sciences et Lettres, créée en 2010, aux côtés d’autres établissements et organismes prestigieux, comme l’École normale supérieure, l’École pratique des hautes études ou le Collège de France.
2023
Création de la chaire « Les Archives au service des nations et des sociétés africaines »
En 2023, l’Unesco a accordé son homologation à la création d’une chaire d’enseignement visant à faciliter la collaboration entre chercheurs de renommée internationale, enseignants et acteurs du monde des archives en Afrique, autour de la formation des professionnels des archives et d’actions de sensibilisation sous forme de conférences et d'événements culturels.
2024
Création de la Fondation de l’École nationale des chartes
En 2024, l’École lance sa Fondation, abritée PSL, dans le but de soutenir, par la recherche de mécénats publics ou privés, l’ouverture de l’établissement à l’international et le financement en pluripartenariat de projets de recherche touchant à l’histoire, au patrimoine et à l’intelligence artificielle appliquée à ces domaines.