Entre la révolution du gouvernement, au xiiie siècle, et la révolution de la citoyenneté, au xviiie siècle, la doléance, ou la plainte politique, a fonctionné telle une voie de régulation du rapport entre gouvernés et gouvernants. Si l’histoire d’autres formes de demandes est bien connue, la requête par exemple, celle de la doléance restait à entreprendre. Cet ouvrage en propose les premiers jalons, sur la base d’une enquête documentaire de dimension européenne visant à déterminer l’identité propre de la doléance. Émerge ainsi toute la complexité des supposées origines des « cahiers de doléances », dont la mémoire a été avivée, en France, par le récent Grand débat national et les « cahiers des mairies ». À travers des contributions d’historiens spécialistes du politique et du social ainsi que de juristes historiens du droit, l’ouvrage met délibérément l’accent sur les sources qui permettent d’exprimer et donc de connaître la doléance, qu’il s’agisse de suppliques, de requêtes, de mémoires, de billets manuscrits, de cahiers synthétiques, de placets ou de recueils imprimés. Une attention particulière est également apportée à l’économie interne de ces supports, et notamment à la langue et au vocabulaire employés. Ces approches croisées permettent ainsi d’appréhender la doléance comme un objet historique à part entière.