Information et opinion publique à Toulouse à la fin du Moyen Âge

Dans son livre paru en 1962, L’espace public (Öffentlichkeit), Jürgen Habermas niait la possibilité d’une opinion publique au Moyen Âge. Avant les Lumières, affirmait-il, la communication politique était entièrement confisquée par le pouvoir qui interdisait toute opinion critique de la part des gouvernés. Celle-ci devait se réfugier dans une contre-culture stérile et éphémère, incapable de concevoir un programme politique alternatif. La révolte en était l’expression la plus manifeste. Cette théorie ne pouvait qu’interroger les modernistes ainsi que les médiévistes qui, depuis les années 1990, multiplient les études sur les capacités critiques de la population. Ils ont pu déceler des espaces publics occasionnels ou temporaires, des moments et des lieux où la critique était possible, y compris dans les catégories les plus modestes de la société.

L’œuvre

L’objet du livre de Xavier Nadrigny, paru en 2013 aux éditions de l’École nationale des chartes, est précisément de lier la question de l’opinion publique à celle de l’information. Car l’ « espace public » habermassien désigne avant tout un mode de communication entre gouvernants et gouvernés. Messages officiels, délibérations, rumeurs et révoltes sont ainsi au cœur de l’enquête. Il s’agit d’une étude de cas qui n’oublie pas les particularités toulousaines : bonne ville fidèle au roi Charles VII, Toulouse défend ses privilèges dans un bras de fer constant avec le pouvoir royal. L’information et l’opinion publique permettent ainsi d’apporter quelques éclairages pour une histoire de la société politique et du « sentiment national » à la fin du Moyen Âge.

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