Coincé entre les prestigieux modèles antiques et les redécouvertes modernes, le Moyen Âge est d’ordinaire considéré comme un trou noir de la démocratie. C’est faire peu de cas des assemblées scandinaves ou du régime communal, mais aussi des procédures de gouvernement internes aux communautés religieuses alors répandues dans toute l’Europe et au-delà. Suivant le fil directeur de l’élection du supérieur dans les textes normatifs, Jacques Dalarun multiplie les études de cas (Bénédictins, Clunisiens, Cisterciens, Chartreux, Gradmontains, Victorins, Dominicains, Franciscains) et met en lumière une des faces, d’ordinaire cachée, de la démocratie médiévale. Anachronisme ? Peut-être. Mais il ne s’agit pas de prétendre que le Moyen Âge inventa la démocratie. Il s’agit plutôt de découvrir la signature médiévale encore sous-jacente dans nombre de nos processus politiques et, surtout, d’affirmer que la démocratie ne peut être ni imitée, ni imposée, mais doit toujours être réinventée de l’intérieur du corps social.