Condamner à mort dans le royaume de France (XIIIe-XVe siècle)

« Digne de mourir, comme inutile au monde » : c’est en ces termes que les archives ont conservé la trace de la condam­nation à mort d’un valet déclaré coupable de vol, à Paris, en 1391. Cette sentence glacée conforte-t-elle la vision d’un Moyen Âge sanguinaire où la peine capitale aurait été fréquente ? Révèle-t-elle la puissance d’un roi qui affirme ainsi sa domination sur ses sujets, ou la dérive de l’Église qui ne considère plus que, selon l’enseignement de saint Augustin, le criminel peut être racheté ? Condamner à mort au Moyen Âge n’est pas un acte plus anodin qu’aujourd’hui, et si, en ces siècles de construction de la justice, la condamnation est un outil d’affirmation du pouvoir royal, ce n’est pas par sa nature coercitive ou arbitraire, mais par l’encadrement des juges et la pratique de la grâce. C’est là l’autre pan d’un Moyen Âge rénové que Claude Gauvard révèle depuis plusieurs décennies, avec cette volonté d’approcher au plus près, par un examen minutieux et clairvoyant de sources inédites, la cohérence d’une société médiévale qui nous apparaît à la fois étrangère et fondatrice.

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