Depuis une vingtaine d’années, de nouvelles recherches ont mis en évidence l’action décisive des milieux réformateurs sous la IIIe République. L’image d’un régime profondément protectionniste en matière économique et conservateur en matière sociale a progressivement laissé place à celle d’un État interventionniste, soucieux de résultats, désireux de faire connaître aux « couches nouvelles » les bienfaits de la République, mais aussi de lutter à armes égales avec la Grande-Bretagne, premier exportateur mondial, et l’Allemagne, grande rivale de la France depuis la guerre de 1870.
L’étude des réformes menées par le ministère du Commerce et de l’Industrie, lointain prédécesseur des actuels ministères de l’Économie et des Affaires sociales, fait apparaître le rôle jusqu’ici méconnu joué par celui-ci dans la création et le développement de nombreuses institutions qui forment encore aujourd’hui la structure de l’économie française. Mais elle permet aussi de mieux comprendre la rapidité de la mobilisation industrielle en 1914, une des grandes réussites de la Première Guerre mondiale, et contribue à éclairer les conceptions économiques de la haute fonction publique au xxe siècle.