Le roi caché : un mythe politique qui traverse les âges

Présentation

L’étrange attente d’un souverain disparu qui reviendrait sauver son peuple a été mise en scène à la fin du xvie siècle dans deux aires culturelles très éloignées : la Moscovie espérant la réapparition du tsarévitch Dimitri et le Portugal cherchant le fantôme du roi Sébastien supposé échappé d’une bataille. Que dans une période de chaos politique on vienne à croire à la survie d’un prince sauveur et que dans cette logique des prétendants viennent à surgir et à trouver des partisans, c’est là un thème politique intemporel qui se rencontre dans des époques et des annales nationales très diverses. En effet, le mythe du roi caché prêt à revenir pour renverser les pouvoirs actuels et arrêter leurs malfaisances peut soutenir deux dynamiques subversives apparemment opposées, la nostalgie du bon vieux temps et l’espérance des lendemains qui chantent. Il renait donc sans cesse en dépit des variations des circonstances historiques. Il traduit l’attente du héros providentiel qui balaiera les dénis de justice des institutions présentes, aveugles ou corrompues. De nos jours, tout chef d’État, voire le moindre détenteur d’autorité publique est appelé à revêtir ce rôle, à se voir attribuer par l’opinion, par la masse des âmes simples, vous et moi, le pouvoir merveilleux de rétablir cette justice cachée. La légende du revenant  justicier est passée  aujourd’hui dans le langage des suppliques et des milliers de lettres envoyées aux puissants du jour.

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