- Éditeur : Éditions de l'École des chartes
Résumé
Au cours de son existence bien remplie, Guillaume Budé (1468-1540) a conçu, publié, augmenté nombre d’œuvres dont la valeur littéraire et la portée scientifique ont profondément marqué son époque et la postérité, à l’égal de son contemporain Érasme. Or les productions de Budé sont connues de façon inégale, demeurent parfois peu étudiées, non traduites, dépourvues d’éditions modernes, malgré un regain d’intérêt qui s’est déployé tout au long du XXe siècle comme en ce début du XXIe siècle. Ce volume a pour ambition de revenir, à la lumière des recherches les plus récentes, sur les différentes facettes d’une œuvre polycentrique, allant de l’essai historique novateur qu’est le De Asse et partibus eius à des traductions de textes grecs en latin (de Plutarque à Basile de Césarée), à la lexicographie grecque (Commentarii linguæ Græcæ), de l’exégèse des sources du droit romain (Annotationes in Pandectas) aux recommandations politiques de l’« Institution du prince », en passant par les considérations morales et religieuses confiées tour à tour aux lettres, aux digressions et à deux traités indépendants, De Transitu hellenismi ad christianismum et De Contemptu rerum fortuitarum. À travers l’analyse de ce corpus multiforme, il s’est agi en premier lieu de retracer les différentes sources de Budé, intellectuelles et matérielles, filtrées par sa formation hybride de juriste humaniste au sein des cénacles de l’humanisme parisien, depuis le cercle d’hellénistes alimenté par Georges Hermonyme de Sparte, puis par Janus Lascaris, et le groupe de savants réuni autour de Jacques Lefèvre d’Étaples, jusqu’aux premiers lecteurs du roi et aux imprimeurs humanistes de la génération de Robert Estienne, sans oublier sa riche expérience à la cour. Il importait également de bien comprendre les méthodes de travail d’un atelier si surprenant, ce dont la documentation existante fournit d’intéressants échantillons analysés à travers ses carnets autographes, annotations marginales, réécritures diverses. Plusieurs interventions ont aussi tenté de caractériser la latinité si singulière du prosateur, de mesurer les implications de son recours — et de son amour — pour la langue grecque, de définir une manière philologique propre à l’auteur du De Asse. On n’a pas oublié que Budé le latiniste prit aussi sa part à l’illustration de la langue française, que ce soit avec l’« Institution du Prince » ou avec l’« Epitome » du De Asse. À la convergence de plusieurs disciplines, ce volume se propose d’identifier les parcours que Guillaume Budé a tracés, cerner les passerelles entre les différents noyaux de son écriture, reconstituer l’unité intellectuelle de son œuvre à une époque où la diffusion du patrimoine écrit de l’Antiquité achevait sa première grande saison et ouvrait l’époque des études philologiques spécialisées. Ce volume rassemble, en les enrichissant, les actes du colloque qui a réuni, pendant trois jours (3-5 mai 2018), vingt-sept spécialistes issus de disciplines diverses, invités à se pencher sur cette grande figure de l’humanisme français, reconnu entre autres pour son rôle dans la fondation du Collège de France. Le colloque était accompagné d’une présentation de livres à la Bibliothèque nationale de France, cinquante ans après l’exposition qui avait été consacrée à Budé en 1968, et d’une exposition à la cour de Cassation : ces présentations doivent faire l’objet d’un catalogue illustré adjoint aux actes.