Alfred Leroux (1855-1921) : le charme discret du renoncement

Alors que son milieu le destine au commerce naval, Alfred Leroux décide brusquement de préparer le concours de l’École des chartes, qu’il intègre fin 1874. Archiviste, mais aussi historien des relations entre la France et l’Allemagne au Moyen Âge, puis du protestantisme à Bordeaux, il n’aura connu durant sa carrière qu’une seule affectation : les archives départementales de la Haute-Vienne. Derrière ce qu’il considère comme un échec – vécu avec douleur, mais stoïcisme – se dessine maintenant l’existence rigoureuse, voire rigoriste d’un érudit trop engagé au service de la vérité historique d’une part, de sa foi protestante d’autre part, pour que ces passions ne recèlent quelque faille, qu’il faudra déceler ou desceller. Cette double intransigeance sera aussi le moteur de son combat contre la mentalité militante et peu scientifique des érudits locaux (catholiques et souvent monarchistes). C’est elle qui fera de lui « le géant de l’érudition limousine » – pour reprendre la formule d’un de ses lointains successeurs – et l’amènera à livrer bataille contre les ennemis intérieurs et extérieurs du protestantisme, au premier rang desquels Charles Maurras.

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