Le projet The Lost Manuscripts of Medieval Europe: Modelling the Transmission of Texts (LostMA) est lauréat de l’appel du Conseil Européen de la Recherche (ERC) pour la période 2024-2029. Jean-Baptiste Camps, maître de conférences à l’École, est le chercheur principal de LostMA et mènera une équipe de six personnes.
Julien Randon-Furling (professeur de junior de mathématiques appliquée aux SHS, à l’ENS Paris-Saclay), Chahan Vidal-Gorène (ENC - PSL) et Valentin Thouzeau (PSL Junior Fellow) se sont associés à Jean-Baptiste Camps pour le dépôt du projet.
Présentation du projet
LostMA vise à comprendre comment les cultures humaines se constituent et évoluent, à travers la question de la transmission des artefacts culturels écrits. Il s’efforce d’établir dans quelle mesure la transmission (et ensuite la conservation ou perte) d’artefacts écrits, de textes et d’idées s’écarte du hasard et, si elle s’en écarte, dans quelle mesure et pourquoi.
Pour ce faire, LostMA analysera la manière dont les textes manuscrits ont été copiés, transformés ou détruits, à l’instar de l’évolution des organismes vivants ou des variantes linguistiques, par le biais de processus d’innovation/mutation, de fixation ou d’extinction.
Ainsi, l’objectif de ce projet n'est pas seulement de comprendre les processus de transmission des textes, mais aussi de saisir dans quelle mesure les humains sont les acteurs de la transmission de leur propre culture et dans quelle mesure la survie des textes ou la constitution des canons culturels sont dus au hasard.
Si cette notion peut sembler provocante pour les chercheurs en sciences humaines, les biologistes évolutionnistes ont depuis longtemps découvert le rôle de la dérive aléatoire dans la survie ou l'extinction des traits génétiques et des espèces.
Mise en œuvre
Pour étudier cette question, ce projet tentera un changement de paradigme dans les méthodes philologiques, en combinant l’intelligence artificielle, la science des systèmes complexes et l'expertise philologique. Des processus stochastiques de naissance et de mort et des simulations informatiques multi-agents seront utilisés pour simuler le processus de transmission textuelle. Une étude de cas sera réalisée sur la littérature chevaleresque dans le contexte européen.
Les premières étapes du projet, qui débutera le 1er janvier 2024, consistent en :
- la réalisation d’un modèle-nul de la transmission des textes
- la collecte et l’analyse de données à grande échelle sur les traditions médiévales des chansons de geste et romans de chevalerie