Après avoir obtenu un DEA d’études cinématographiques à l’université Paris III-Sorbonne-Nouvelle (2004) et un master 2 de philosophie à l'université Paris I-Panthéon-Sorbonne (2007), il a consacré sa thèse d’histoire du cinéma à la question de la lente sédimentation, de 1945 à nos jours, d'un imaginaire confus et obsédant de la déportation et du génocide des Juifs ainsi qu’à la migration intempestive de ses principaux motifs dans des films contemporains n’ayant pourtant aucun lien avec la Seconde Guerre mondiale. Intitulé Les images clandestines. De la sédimentation d’un imaginaire des "camps" et de son empreinte fossile sur le cinéma français et américain (des années 1960 à nos jours), ce travail de doctorat, achevé en 2013 à l'université Paris I-Panthéon-Sorbonne (sous la direction de Sylvie Lindeperg), a reçu le Prix de la Recherche 2014, décerné par l'Inathèque.

Ophir Levy a enseigné, de 2005 à 2018, l'histoire et l'esthétique du cinéma à l’université Sorbonne-Nouvelle Paris 3 et à l'université Paris-Diderot. Il intervient par ailleurs au Mémorial de la Shoah pour le service de la formation, ainsi que dans différentes institutions (Forum des images, Conseil de l'Europe, Fémis, Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, etc.).

Ses recherches actuelles portent, d'une part, sur les imaginaires sonores de la déportation et, d'autre part, sur l'histoire du cinéma et des séries en Israël.

Projet post-doctoral

De la hantise des archives : le réinvestissement fictionnel et plastique des archives de guerre comme figure-clé de la modernité cinématographique des années 1960-1970

À compter du tournant des années 1960, de façon symptomatique, nombre de longs-métrages de fiction se firent le lieu de l’effraction brutale d’archives de guerre, de dévastation post-conflit ou de procès de responsables criminels. Celles, par exemple, des victimes japonaises d’Hiroshima mon amour (1959) d’Alain Resnais. Ou encore, dans Persona (1966) d’Ingmar Bergman, la photographie de l’enfant du ghetto de Varsovie, ainsi que les plans du bonze vietnamien immolé par le feu.

En s’appuyant sur le dépouillement d’archives françaises et américaines (presse, radio, actualités cinématographiques, télévision, archives de production), ce projet vise à interroger la manière dont certaines images traumatiques ont refait surface, vingt ans après leur enregistrement. Et ce, en mettant au jour le rôle tout à fait moteur qu’ont joué, dans cette résurgence d’images liées à la déportation et au génocide, deux événements qui ne sont que très rarement pris en considération : d’une part, le procès des gardiens du camp d’Auschwitz, qui s’est tenu à Francfort en 1963-1965, et dont on retrouve les échos dans l’œuvre de nombreux artistes (Jean-Luc Godard, Peter Weiss, Ingmar Bergman, Alexander Kluge) ; d’autre part, la guerre du Vietnam, dont les images d’une extrême violence suscitèrent l’exhumation parallèle d’archives liées au système concentrationnaire et à la destruction des Juifs d’Europe (chez des cinéastes tels que Stan Brakhage, Ingmar Bergman, Marcel Ophuls).

Il convient dès lors de se demander dans quelle mesure la confrontation à de telles images d’archives, en reconfigurant la relation qu’entretenait d’ordinaire le spectateur de cinéma au dispositif fictionnel, a contribué à façonner les contours de ce que Jacques Aumont nomme le « modernisme européen des années soixante ».

Publication(s)

Publication(s) aux éditions de l’École

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