Jean-François Belhoste donne une conférence intitulée « Pas de grue..., pas de Panthéon ? », dans le cadre du cycle « Du rare à l’unique ».
Mercredi 20 mai 2015
- 65, rue de Richelieu, Paris 2e
- 17h
« Machine dont on fait usage dans les grands édifices », la grue est ainsi nommée, nous dit Jean-Baptiste Rondelet dans son Art de bâtir (Tome 4, 1802), « par analogie au bec et au long col de cet animal volatile ». Mais contrairement à ce qu’il affirmait alors, ce n’était pas une invention totalement moderne.
Présentation
Il existait, en effet, déjà des grues et gruaux au Moyen Âge qui servaient à lever de grandes charges dans les monuments et les carrières. On les appelait aussi « roues de carrier » car elles étaient équipées de roues dont on savait démultiplier la force. La grue moderne avait, cependant, selon l’expression du mécanicien Giuseppe Antonio Borgnis la faculté « d’élever obliquement les fardeaux ». C'était, en effet, un engin qui pouvait tourner sur un poinçon coiffé d’un pivot en fer. Mais voilà, pour lever les très lourdes charges de la triple coupole du futur Panthéon, les grues existantes ne faisaient pas le poids. Rondelet, adjoint de Soufflot avant de lui succéder en 1780, dut en concevoir de beaucoup plus robustes. « On n’aurait jamais osé confier des poids aussi considérables à des grues ordinaires », reconnut plus tard Quatremère de Quincy. C’est donc grâce à sept grues de ce nouveau type, faisant 12 m de haut et disposées de sorte à pouvoir monter à 50 m des fardeaux pesant jusqu’à 3,5 tonnes, que l’édifice put être finalement réalisé. Les grues sont devenues depuis choses courantes sur les chantiers. Elles coiffent aujourd’hui tous les gratte-ciel en construction de Manhattan, et c’est même une grue de 96 m pouvant lever 4 tonnes qui a permis la restauration récente du Panthéon.