Le Centre Jean-Mabillon est partenaire du colloque intitulé « Le rayonnement des arts au Moyen Âge. Réflexions autour du ms. aquitain Paris, BnF, latin 1139 ».

Mardi 19 mars 2019 - Jeudi 21 mars 2019

  • BnF, 58, rue de Richelieu, Paris 2e - IRHT, 40, avenue d’Iéna, Paris 16e - Fondation Calouste Gulbenkian, 39, bd de La Tour-Maubourg, Paris 7e
  • 9h-18h

Charlotte Denoël, chercheur au Centre Jean-Mabillon, est membre du comité d’organisation, et Pascale Bourgain, professeur émérite à l'École et chercheur au CJM, membre du comité scientifique.

Le manuscrit Paris, BnF, lat. 1139 est un manuscrit composite, aux origines mal connues, conservé dans les collections de l’abbaye de Saint-Martial de Limoges dès le milieu du xiiie siècle. Issu de l’une des plus prestigieuses bibliothèques médiévales, il est l'un des premiers témoins d’une nouvelle manière de chanter la louange divine. Ces créations ne rompent pas avec les traditions antérieures mais prolongent des pratiques existantes.

La partie la plus importante et la plus ancienne (fin xie-début xiie siècle) comprend de nombreux chants festifs : tropes, chansons versifiées (versus et Benedicamus domino appelés nova cantica), épîtres farcies et jeux liturgiques (f. 32r-117r). S’y ajoutent aussi des offices votifs de la Vierge, notés au xiiie siècle (f. 119r-148r), un prosaire complet de la fin du xiie siècle (f. 149r-228v) et des extraits de deux autres prosaires du xiiie siècle (f. 2r-20v). Tout au long du manuscrit figurent également des indications à la liturgie et la vie de l’abbaye (inventaire des ornements de l’autel, liste des livres de la bibliothèque, etc.).

Ce recueil factice permet donc d’appréhender deux siècles de répertoires chantés et de pratiques liturgiques touchant aux évolutions des célébrations et de leurs marges. Cette anthologie hétéroclite est révélatrice de l'élan créateur et des échanges culturels qui gravitent autour de Saint-Martial dans le contexte plus large de la France méridionale et de contrées plus lointaines.

Ce recueil factice permet donc d’appréhender deux siècles de répertoires chantés et de pratiques liturgiques touchant aux évolutions des célébrations et de leurs marges. Cette anthologie hétéroclite est révélatrice de l'élan créateur et des échanges culturels qui gravitent autour de Saint-Martial dans le contexte plus large de la France méridionale et de contrées plus lointaines.

Ce manuscrit est un livre exceptionnel et a très tôt suscité l’intérêt des chercheurs :

  • il est l'un des plus anciens témoins des polyphonies aquitaines
  • il s’agit de la plus ancienne grande collection de chants festifs de nouvelle facture
  • il comprend plusieurs jeux liturgiques, notamment le Sponsus dont il est l'unique témoin
  • il s'inscrit à la croisée des répertoires latins et vernaculaires
  • le notateur de la partie la plus ancienne a fait usage d’une note en forme de losange afin d’indiquer le demi-ton. Cette particularité notationnelle a été rapidement abandonnée dans le sud de la France mais a été très largement adoptée dans l’ouest de la péninsule Ibérique, tout particulièrement au Portugal

Ce colloque s’adresse aux chercheurs issus de différentes disciplines (histoire, histoire de l’art, histoire de la littérature, musicologie, philologie, paléographie, etc.) afin d’appréhender ce manuscrit complexe dans toutes ses dimensions. Cette rencontre sera l’occasion de combler les pans laissés vierges par l’historiographie, notamment quant aux parties les plus récentes du manuscrit. Il s’agira à la fois de s’attacher au manuscrit lui-même mais surtout, de l’inscrire dans une production plus large, à commencer par celle de l’abbaye Saint-Martial de Limoges, et dans des réseaux de création et de diffusion dépassant le territoire du Limousin. L’originalité de ce colloque réside ainsi dans la mise en évidence des circulations des pratiques artistiques et intellectuelles. Dans cette perspective, le manuscrit latin 1139 servira de point de départ à une étude renouvelée de la création au sein du Midi et de son rayonnement dans l’espace et le temps mais il n’en sera pas l’unique objet.

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