L’École nationale des chartes publie Confiance, épargne et notaires. Le marché du crédit à Saint-Maixent et dans sa région au XVIe siècle, par Romain Le Gendre (prom. 2010), volume 110 de la collection Mémoires et documents.
De nombreuses études ont montré qu’à l’époque moderne le crédit irrigue la société tout entière. Toutefois, l’historiographie traditionnelle et les grandes thèses d’histoire rurale se sont longtemps bornées à souligner la rareté de la monnaie dans les campagnes françaises et l’endettement des paysans. Depuis une vingtaine d’années, plusieurs études ont remis en cause ces topoï et ont replacé le crédit dans un système plus large de circulation de l’argent. En parallèle, un engouement pour l’histoire du notariat a renouvelé l’utilisation de ce type de sources écrites et a été au fondement d’une réflexion sur la place de l’écrit notarié dans le marché de l’acte privé.
Le présent travail s’inscrit dans ces deux courants et met à profit les archives notariales d’une région et d’une époque où les bouleversements économiques et religieux sont nombreux. Les développements de cette problématique portent d’abord sur les outils mis en œuvre par les acteurs du marché du crédit. Dans cette optique, une large place est accordée à l’analyse du travail du notaire et à son rôle. Ensuite, l’étude de l’évolution de ce marché dans la deuxième moitié du siècle est l’occasion de mesurer les conséquences des troubles politiques et religieux. L’intensité et la nature de l’activité notariale sont alors appréhendées comme un précieux indicateur de la situation socio-économique. Enfin, une analyse sociale des prêteurs et des emprunteurs conduit à une cartographie du marché du crédit et à une description des réseaux qui se forment à cette occasion.