L’École a le regret de vous faire part du décès, survenu le 28 février 2021, de Benoît Van Reeth, archiviste paléographe (prom. 1984), conservateur général du patrimoine, ancien directeur des Archives nationales d’outre-mer.
Né le 17 février 1956 à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), Benoît Van Reeth devient archiviste paléographe en 1984.
Hommage de Françoise Banat-Berger
Cheffe du Service interministériel des Archives de France
De sa sortie de l’École des chartes, en 1984, jusqu’en 2019, Benoît Van Reeth avait effectué la totalité de sa carrière dans le réseau des Archives de France, d’abord comme conservateur des Archives municipales d’Angers (1984), puis successivement comme directeur des Archives départementales de l’Aube (1987), du Doubs (1993), du Bas-Rhin (1998) puis du Rhône (2003), avant d’être nommé, en 2014, directeur des Archives nationales d’outre-mer.
Cette riche carrière fut d’abord celle d’un bâtisseur. Un an après son arrivée dans l’Aube, il inaugure le nouveau bâtiment des Archives départementales, alors considéré comme l’un des plus modernes de France. Dix ans plus tard, dans le Bas-Rhin, il porte à ses débuts le projet bâtimentaire, au moment de la définition du programme. Dans le Rhône, encore, son chantier principal fut celui de la construction du nouveau bâtiment. Le suivi de ce chantier, qu’il a mené de bout en bout, impliquait une réorganisation complète du service, précédemment réparti entre deux sites ; aux chantiers traditionnels qu’impose un déménagement s’est donc ajoutée une réflexion d’ensemble pour faire travailler des équipes qui avaient jusqu’alors des pratiques différentes. Chacun des chantiers qu’il eut à suivre s’accompagna d’ailleurs d’un souci constant d’adaptation aux nouveaux défis du moment (on lui doit ainsi, dans l’Aube, la mise sur pied d’une équipe dédiée aux archives contemporaines, l’installation d’un atelier régional de microfilmage et l’adoption d’un premier logiciel documentaire), ainsi que d’un accroissement significatif des moyens humains (de 5 à 12 agents dans l’Aube, de 46 à 54 agents dans le Rhône).
Durant ses trente-cinq ans de carrière, Benoît Van Reeth eut aussi à cœur de rendre les archives accessibles à tous et de les inclure dans une politique culturelle et pédagogique ambitieuse et renouvelée. On lui doit ainsi, deux ans seulement après sa nomination à Angers, les textes d’une bande-dessinée sur l’histoire de la ville, Angers, images d’histoire (dessins de Jean-Michel Charruault). Dans l’Aube, il marque l’inauguration du bâtiment par une exposition mêlant archives anciennes et modernes, parchemins et microfilms, qui connaît un grand succès et scelle le renouveau d’une action culturelle et pédagogique dans le département. Rendre accessibles les archives était indissociable, chez lui, d’actions de collecte adaptées au territoire : il fait entrer dans l’Aube nombre de fonds de bonneterie, préservant ainsi la mémoire d’une industrie qui voyait se multiplier les fermetures, et relance, dans le Doubs, un cycle d’inspections communales depuis longtemps interrompu. Quant à son passage dans le Rhône, il est marqué par un renforcement considérable des programmes de numérisation et la mise en place du site internet, en 2011, qui s’est accompagnée d’un important chantier d’harmonisation des instruments de recherche, faisant ainsi résolument entrer le service dans le xxie siècle. Il déploie la même énergie dans le projet de réinformatisation des Archives nationales d’outre-mer et la mise en chantier du projet scientifique, culturel et éducatif du service, souhaitant ainsi donner une nouvelle dynamique au centre à l’occasion de ses cinquante ans.
Très investi dans la vie de l’Association des archivistes français (il dirigea la Gazette des archives de 1997 et 2003), Benoît Van Reeth avait aussi compris l’importance de faire connaître les archives au-delà de ceux qui les fréquentent habituellement, voire au-delà des frontières, comme en témoignent les partenariats noués avec le Vietnam ou le Sénégal durant son passage aux Archives nationales d’outre-mer.
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Sa thèse d’École porte sur Nicolas Baudin et le voyage aux Terres australes (1800-1804).