L'École a organisé le colloque international « L’Histoire en mutation : l’École nationale des chartes aujourd’hui et demain », à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, au palais de l'Institut de France.  

Vendredi 13 novembre 2015

  • Académie des inscriptions et belles-lettres
  • 9h-18h

Quelle place l'École des chartes a-t-elle tenue, depuis ce dernier demi-siècle, dans le développement des méthodes historiographiques et de la recherche ? Tel fut l'objet de ce colloque : il y fut question de statut des sciences qui font l'interface entre le document et l'histoire, autrefois dites « auxiliaires », désormais Grundwissenschaften, mais aussi, des nouvelles façons de concevoir les travaux d'ecdotique et, la philologie. Des sources nouvelles qu'exploitent l'historien, telle l'image, les médias contemporains et les sources numériques. Ce bilan vaut aussi programme d'action, non seulement pour les chercheurs, mais les conservateurs appelés à rassembler et préparer l’exploitation des sources.

Sous le haut patronage de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, de Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la communication et de Thierry Mandon, secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la recherche.

Discours introductifs

  • Allocution d’accueil par Michel Zink

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  • Discours de Louis Gautier ouvrant le colloque

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  • Discours de Jean-Michel Leniaud introduisant le colloque

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De la science auxiliaire à la science fondamentale

Par Werner Paravicini, associé étranger de l’Académie

Le sous-titre de cette courte communication pourrait être : « Extension du domaine de l’archive ». Qu’on prenne en considération chez lui la figure du chercheur ou celle du conservateur, le chartiste s’est trouvé confronté, depuis deux siècles, à un considérable élargissement de son terrain d’action. La ligne qui, sur moins d’un demi-siècle (terminus a quo : 1970), va « du livre aux médias » en est l’un des signes les plus clairs. Le point d’origine dit tout de la spécificité de l’École dans ce cheminement. Il indique aussi le rôle pionnier joué par elle dans la fondation d’une histoire du livre, au travers de la figure d’Henri-Jean Martin. L’intégration des médias s’est située dans cette logique mais, là, l’établissement a dû tenir compte des avancées du monde universitaire – et, au reste, faire appel à une agrégée de lettres (Élisabeth Parinet). L’analyse de l’évolution des sujets de thèse de l’École met en lumière l’ouverture progressive à l’audiovisuel, couronnée en 2014 par l’élection de Christophe Gauthier.

De la science auxiliaire à la science fondamentale

L’ecdotique : histoire et tradition, présence du texte

Par Lino Leonardi, directeur du CNR Institute opera del vocabolario Italiano

À partir de l'époque fondatrice, avec l'enseignement de la philologie romane par Paul Meyer, l'École des chartes a toujours été un lieu capital pour l'ecdotique en France et en Europe. La solidité de sa tradition d'études, strictement ancrée aux documents et à leur puissance de réalité, l'a préservée des révolutions et des modes qui ont bouleversé la méthode philologique pendant le XXe siècle. Néanmoins, l'ouverture au numérique des dernières années démontre la vitalité de cette histoire. Je vais suggérer trois thèmes, qui à mon avis devraient être au centre de la réflexion philologique. L'entropie de la transmission textuelle, comme antidote à l'idée indéterminée de “mouvance”. La diachronie de la tradition manuscrite, face à la synchronie du manuscrit isolé. La présence anachronique des textes du passé à la culture contemporaine, but de toute philologie.

L’ecdotique : histoire et tradition, présence du texte

L’image, source historique

Par Jean Wirth, professeur honoraire à l’université de Genève

L'utilisation de l'image comme source historique a toujours existé, mais c'est dans les dernières décennies que l'histoire des images est devenue un objet d'étude à part entière et, à la suite des travaux de Hans Belting, l'objet d'un véritable engouement. Les chartistes ne sont pas en reste depuis les années 1980, bien que les images du passé soient surtout étudiées pour leur valeur documentaire dans les thèses de l'École. Si l'histoire des images rend possible leur  utilisation adéquate comme documents, elle couvre trop de domaines hétérogènes et est trop étroitement liée à l'histoire de l'art pour constituer une véritable discipline, fondée sur un enseignement spécifique. Il s'agit plutôt d'un important domaine de recherche qu'on est en droit d'aborder à partir des préoccupations les plus diverses.

L’image, source historique

Les chartistes et les sciences sociales

Par Anita Guerreau-Jalabert, directrice de recherche au CNRS (IRHT), ancienne directrice de l’École des chartes.

À partir de la fin du XIXe siècle, l'histoire et les sciences sociales ont suivi des chemins divergents. Des rapprochements, entamés avec la création de la revue des Annales en 1929, se sont amplifiés à partir des années 70 du XXe siècle : des spécialistes des périodes anciennes de l'histoire européenne se sont intéressés non plus seulement à la sociologie, mais aussi à l'anthropologie ; un peu plus tard, le développement de l'histoire contemporaine a rapproché les diverses disciplines autour d'un objet commun, l'étude des sociétés actuelles. En tant qu'historiens, les chartistes se sont inscrits dans ces évolutions, sans se distinguer autrement que par une formation approfondie au traitement des divers types de documents historiques. La réorganisation en cours des structures institutionnelles de l'enseignement supérieur, renforçant les contacts et les passerelles, peut permettre aux chartistes de jouer un rôle notable dans la consolidation des approches interdisciplinaires, particulièrement bénéfiques dans le domaine du patrimoine.

Les chartistes et les sciences sociales

L’histoire de la langue

Par Robert Martin, président de l’Académie

L'École des chartes ne dispense pas d'enseignement spécifiquement consacré à l'histoire de la langue ; en linguistique historique, sa contribution est plutôt indirecte ; elle n'en est pas moins considérable. L'histoire de la langue se fonde en grande partie sur les éditions de textes, propres à fournir les attestations utiles : l'apport de l'École est dans ce domaine de tout premier plan. La linguistique historique et l'édition critique ont progressé conjointement, et l'École a pris dans ce développement une part déterminante. Enfin, les mots ne vont pas indépendamment des choses, et l'historien chartiste apporte alors au lexicologue un savoir indispensable.

L’histoire de la langue

Du livre aux médias contemporains

Par Pascal Ory, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, sous le patronage de Yves-Marie Bercé, membre de l’Académie

Le sous-titre de cette courte communication pourrait être : « Extension du domaine de l’archive ». Qu’on prenne en considération chez lui la figure du chercheur ou celle du conservateur, le chartiste s’est trouvé confronté, depuis deux siècles, à un considérable élargissement de son terrain d’action. La ligne qui, sur moins d’un demi-siècle (terminus a quo : 1970), va « du livre aux médias » en est l’un des signes les plus clairs. Le point d’origine dit tout de la spécificité de l’École dans ce cheminement. Il indique aussi le rôle pionnier joué par elle dans la fondation d’une histoire du livre, au travers de la figure d’Henri-Jean Martin. L’intégration des médias s’est située dans cette logique mais, là, l’établissement a dû tenir compte des avancées du monde universitaire – et, au reste, faire appel à une agrégée de lettres (Élisabeth Parinet). L’analyse de l’évolution des sujets de thèse de l’École met en lumière l’ouverture progressive à l’audiovisuel, couronnée en 2014 par l’élection de Christophe Gauthier.

Du livre aux médias contemporains

Enjeux pour l’historien de demain : l’exploitation des sources numériques

Par Anne-Marie Turcan-Verkerk, directeur d’études à l’ÉPHE, section des sciences historiques et philologiques, sous le patronage de François Dolbeau, membre de l’Académie

Yann Potin a récemment déclaré sur France Inter que, chez l'archiviste paléographe, le numérique « rencontre l'imaginaire de la totalité érudite ». Cette idée sera explorée selon plusieurs lignes : le retour à la source permis par le numérique et ses conséquences, l'impact du web et des corpus en ligne sur la construction des communautés scientifiques, leurs pratiques de recherche, de publication et d'évaluation. Quand tout à coup devient possible ce qui, pendant des siècles, avait été difficile, naissent cependant de nouvelles difficultés et donc de nouveaux défis : l'impossible exhaustivité, l'anarchie des solutions possibles, l'inachèvement chronique de l'œuvre scientifique... Pour relever certains de ces défis, on peut fixer des objectifs opérationnels (comme ceux de Biblissima, dont l'École des chartes est l'un des établissements fondateurs) : structurer solidement de larges communautés autour de corpus raisonnables, utiliser les possibilités du web sémantique pour dépasser l'hétérogénéité, incorporer progressivement le numérique dans la pratique de recherche, jusqu'à le rendre transparent, en pensant l'écosystème de la recherche.

Enjeux pour l’historien de demain : l’exploitation des sources numériques

Conclusions

Par Michel Pastoureau, correspondant de l’Académie

Conclusion du colloque ’L’Histoire en mutation’ par Michel Pastoureau

Édition des actes du colloque

Reportage photographique : © Énc - cl. Didier Plowy

Reportage vidéo : © Énc - Société Camarilla production

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