Sara McDougall, professeur d’histoire à John Jay College of Criminal Justice de City University of New York (CUNY), donne une conférence intitulée « Les bâtards au Moyen Âge : naissance de l’illégitimité ».

Jeudi 11 octobre 2018

  • 65, rue de Richelieu, Paris 2e (salle Léopold-Delisle)
  • 17h

Cette conférence est organisée dans le cadre du séminaire de Frédérique Lachaud, professeur d'histoire à Sorbonne Université, intitulé « Penser les pouvoirs dans l’Angleterre des premiers rois Plantagenêts (1154-1216) : textes et débats », et du cours sur l'histoire du droit de la famille de Patrick Arabeyre, professeur à l'École.

Présentation

On pense généralement que ce fut assez tôt dans le Moyen Âge que la stigmatisation comme « bâtards » des enfants nés hors mariage apparut : les idées chrétiennes au sujet du mariage légitime auraient fixé les critères de la naissance légitime. Les enfants nés en dehors du mariage avaient moins de droits ou de facultés que les autres ; ils ne pouvaient certainement pas devenir rois ou reines.

Sara McDougall démontre toutefois que tard dans le XIIe siècle la conception de ce qui faisait d’un enfant un héritier légitime avait peu à voir avec la validité de l’union de ses parents selon les critères du droit chrétien du mariage. En réalité, les perspectives qui s’ouvraient pour l’enfant dépendaient du statut social, et avant tout du lignage, des deux parents. Pour hériter d’un titre royal ou noble, le statut du père comptait beaucoup, mais celui de la mère aussi. De tels parents pouvaient fournir les avenirs les plus prometteurs à leurs enfants, même s’il existait un doute sur la validité de leur mariage. Il fallut attendre la fin du XIIe siècle pour voir les enfants nés de mariages illégaux commencer à souffrir des mêmes désavantages que les enfants nés de parents de statut social mixte. Même lorsque ce changement eut lieu, on ne peut en rendre « l’Église » responsable. En fait, l’exclusion des enfants illégitimes de l’héritage et de la succession fut l’œuvre d’individus qui étaient partie prenante dans des affaires en justice, et qui firent un usage stratégique du droit chrétien du mariage. Cette nouvelle histoire de l’illégitimité pense à nouveaux frais des notions traditionnelles de l’histoire sociale, politique et juridique du Moyen Âge.

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