L’École et le centre Jean-Mabillon, en collaboration avec l'École des hautes études en sciences sociales et l’Université PSL organisent une conférence sur « Les archives du Négus : re-découverte d'un fonds inédit », archives secrètement conservées dans le Vieux Palais de Ménélik à Addis Abeba depuis la chute du Roi des Rois d'Éthiopie, dans le cadre du programme de recherche Ghebbi.
Vendredi 30 juin 2017
- 65, rue de Richelieu, Paris 2e (salle Léopold-Delisle)
- 17h
L’histoire de l’Éthiopie contemporaine s’est écrite, jusqu’à présent, avec peu d’archives puisque seuls les documents diplomatiques conservés à l’étranger avaient pu faire l’objet d’études. C’est à la fin du XIXe siècle, sous le règne du roi des rois Ménélik, que l’administration impériale civile s’est modernisée et s'est libérée du monopole exercé par l’Église dans ce domaine, tout en résistant à l’emprise des empires coloniaux européens. Les archives internes qui documentent l’émergence d’une administration moderne étaient réputées avoir été spoliées ou détruites avec la conquête et l’occupation de l’Italie fasciste (1935-1941). Ces archives existent cependant, conservées au cœur de la capitale éthiopienne dans une aile du palais dont les grilles étaient jusqu’à présent infranchissables, matérialisant le culte du secret entretenu par les régimes successifs. De ce fait, ce fonds important n’a encore fait l’objet d’aucune étude.
Présentation
Dans la perspective d’ouverture au public du palais et de ses archives, le gouvernement éthiopien a sollicité l'expertise de l’EHESS et de l’École nationale des chartes. Depuis septembre 2016, le soutien de l'Université PSL a permis de mettre en œuvre le projet GHEBBI - terme qui signifie « palais » en langue amharique - sous la conduite d'Éloi Ficquet (EHESS), Meaza Hezkias (Administration des Palais d'Éthiopie) et Shiferaw Bekele (Université d'Addis Abeba).
Conçu pour porter un diagnostic sur l'état du fond et répondre à des besoins de formation, ce projet a permis de réaliser un premier inventaire des archives constituées entre 1890 et 1935 (plus de 2 000 cotes) ainsi que de celles que l’administration d’occupation italienne a produit entre 1935 et 1941 (700 cotes). Ce dernier chantier a fait l'objet d'un stage à l'étranger par deux élèves de l'École des chartes, Xavier de Saint Chamas et Jean Hennet (→ voir le blog), sous la supervision de Jean-Pierre Bat (Archives nationales).
Le projet se poursuivra, avec le soutien de l’Ambassade de France, notamment par l’installation d’un studio de numérisation et par des ateliers de formation qui pourront constituer les fondements d'une future « École des mezgeb ». Cette conférence réunira les principaux acteurs éthiopiens et français de ce projet et offrira l'occasion de découvrir ce fonds inédit, qui constitue une pièce maîtresse de l'histoire contemporaine de l'Afrique.
Programme
- 17 h : allocutions d'accueil par Michelle Bubenicek, directrice de l'École nationale des chartes, et Pierre-Cyrille Hautcoeur, président de l'École des hautes études en sciences sociales
- 17 h 25 : « La réhabilitation du Palais impérial d'Addis Abeba », avec Meaza Hezkias (Palais nationaux d'Éthiopie)
- 17 h 50 : « Le ministère de la Plume et les archives du Négus/The Ministry of Pen and the Modern Imperial Archives of Ethiopia » Shiferaw Bekele (Université d'Addis Abeba) et Éloi Ficquet (EHESS-CEAf)
- 18 h 15 : « La mission de l'École des chartes au Ghebbi », par Jean Hennet et Xavier de Saint-Chamas (École nationale des chartes), et Jean-Pierre Bat (Archives nationales-Centre Jean-Mabillon)