L'École des chartes, l'Enssib et la BnF célèbrent cette année la commémoration du dixième anniversaire de la mort de Henri-Jean Martin (1924-2007), archiviste paléographe, éminent historien du livre, professeur et bibliothécaire. Pour marquer avec éclat cet anniversaire, différents rendez-vous sont proposés au public, dont le colloque « Histoire du livre et pouvoirs de l’écrit », organisé les 17 et 18 novembre 2017, à l'École des chartes.

Vendredi 17 novembre 2017 - Samedi 18 novembre 2017

  • École des chartes, 65, rue de Richelieu, Paris 2e
  • 9h-18h

Programme

Vendredi 17 novembre

Matin

  • 9 h : accueil
  • 9 h 15 : ouverture du colloque par Michelle Bubenicek, directrice de l’École des chartes, et Yves Alix, directeur de l'Enssib

Présidence : Dominique Varry (Enssib, CGN)

  • 9 h 30 : Paul Saenger (Chicago, Newberry Library), « Henri-Jean Martin and the Birth of the History of Reading »
  • 10 h : Lodovica Braida (Università Statale di Milano), « La réception de Henri-Jean Martin en Europe. Le cas italien »
  • 10 h 30 : Raphaële Mouren (Londres, Warburg Institute / Enssib, CGN), « L'histoire du livre en Grande-Bretagne après les travaux de Henri-Jean Martin »
  • 11 h : questions et pause

Présidence : Bernard Huchet (Bibliopat)

  • 11 h 30 : Cristina Dondi (University of Oxford), « Lessons learned: the collaborative effort for more and better data (MEI) » 
  • 12 h : Malcolm Walsby (Université Rennes 2), « Enquêtes sérielles, bibliographie matérielle et histoire du livre »
  • 12 h 30 : questions

Après-midi


  • 14 h 30 : table ronde modérée par Gilles Eboli (BM Lyon), « Henri-Jean Martin  pour les jeunes chercheurs ». Avec Louis-Gabriel Bonicoli (Univ. at Albany) ; Jamie Cumby (univ. Saint-Andrews) ; Charlotte Kempf (Univ. Heidelberg / EHESS) ; Catherine Kikuchi (EFR) ; Alissar Lévy (ENC)
  • 16 h : question et pause

Présidence : Jean-Marc Chatelain (BnF)

  • 16 h 30 : Christian Jacob (EHESS), « Textes et livres entre Pergame et Rome : sur Galien »
  • 17 h : Olivier Grellety Bosviel (Université de Rouen-Normandie), « La question de l’édition de musique dans l’œuvre de Henri-Jean Martin »
  • 17 h 30 : Virginie Cerdeira (Université Aix-Marseille), « Le Mercure François au miroir de l'histoire du livre »
  • 18 h : questions
  • 18 h 15 : l’Abécédaire des mondes lettrés, présentation par Christian Jacob (Ehess)

Samedi 18 novembre

Matin

  • 9 h : accueil

Présidence : Frédéric Barbier (CNRS / EPHE)

  • 9 h 15 : Emmanuelle Chapron (Université Aix-Marseille, Telemme), « Les travaux de Henri-Jean Martin à l’épreuve d’un terrain : le livre d’éducation au xviiie siècle »
  • 9 h 45 : Nicolas Schapira (Université Paris Ouest Nanterre La Défense), « Histoire du livre et histoire de la censure »
  • 10 h 15 : Jean-Dominique Mellot (BnF / EPHE), « Lire (et relire) Aux sources de la civilisation européenne »
  • 10 h 45 : questions et pause

Présidence : Pierre Guinard (BM Lyon, CGN)

  • 11 h 15 : Jean-Baptiste Levée (Production Type), « L'Elzévir français au XIXe siècle, ruptures et renouveau »
  • 11 h 45 : Silvio Corsini (BCU Lausanne), « Les bases de données d’ornements typographiques à la croisée des chemins »
  • 12 h 15 : questions et pause

Après-midi


Présidence : Raphaële Mouren (Londres, Warburg Institute / Enssib, CGN)

  • 14 h : Isabelle Pantin (ENS Ulm, IHMC), « L'espace visuel de la page: une perspective européenne ? »
  • 14 h 30 : Sachiko Kusukawa (Cambridge, Trinity College), « Text-image relationship in early modern scientific books »
  • 15 h : Max Engammare (Université de Genève, IHR), « Histoire de la Bible comme livre »
  • 15 h 30 : questions et pause

Présidence : Christophe Gauthier (ENC, CJM)

  • 16 h : Mandana Covindassamy (ENS Ulm), « Le dispositif texte / image dans la littérature allemande contemporaine : une discussion critique du discours historique ? »
  • 16 h 30 : Jean-Yves Mollier (Université de Versailles Saint-Quentin), « Henri-Jean Martin historien de l'édition contemporaine »
  • 17 h : Roger Chartier (Collège de France). Conclusions

Comité scientifique : Yves Alix | Enssib, Noëlle Balley | Bibliothèque Cujas, Frédéric Barbier | Cnrs / Ephe, Christine Bénévent | Enc, Cjm,  Jean-Marc Chatelain | BnF, Christophe Gauthier | Enc, Cjm, Pierre Guinard | BM Lyon, Cgn,
Fabienne Henryot | Enssib, Cgn, Bernard Huchet | Bibliopat, Benoît Lecoq | Igb, Isabelle Pantin | Ens Ulm, Dominique Varry | Enssib, Cgn

  • Programme du colloque « Histoire du livre et pouvoirs de l’écrit »

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  • Communiqué « Hommages à Henri-Jean Martin »

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Appel à communication

À sa mort en janvier 2007, Henri-Jean Martin fut salué comme la figure la plus éminente, voire le fondateur de l’histoire du livre en France.

C'est en 2008, année qui marquait le cinquantenaire de L’Apparition du livre, que Henri-Jean Martin acheva après la mort de Lucien Febvre, deux colloques se proposèrent de « dresser le bilan de cinquante années d’histoire du livre » et de réfléchir aux perspectives et projets de cette « discipline scientifique » dont on entreprenait ainsi de faire l’épistémologie[1].

Tout en s’inscrivant dans la continuité de ces deux manifestations, ce colloque propose d’interroger, à travers la figure d’Henri-Jean Martin, les enjeux impliqués par l’affirmation de l’histoire du livre comme discipline, en privilégiant d’une part la notion d’enquête historique telle qu’elle est mise à l’épreuve et en pratique par l’histoire du livre, d’autre part les « usages de l’imprimé » et les « pouvoirs de l’écrit ».

De quoi est faite l’enquête de l’historien du livre ? Quelles sources sollicite-t-il et comment les traite-t-il ? Le concept d’une histoire du livre « à la française », perçue comme méthodologiquement différente de ce qui se joue en Angleterre ou en Allemagne en matière d’enquête sur le livre, se fonde en partie sur le dépouillement des archives, pratiqué par Henri-Jean Martin lui-même puis par ses élèves : on tentera de mesurer les apports d’une telle méthode, mais aussi les démarches complémentaires qu’elle peut nécessiter. De même, les méthodes historiques mobilisées par H.-J. Martin semblent faire fonds sur l’École des Annales et la Nouvelle Histoire, avec lesquelles il entretenait des rapports complexes, faits de jeux, de tours et détours, d’appropriations et désappropriations.

À côté d’une analyse de ces rapports, l’accent sera mis sur l’enquête sérielle et statistique. Si « la méthode n’a pas fait école car le travail de bibliographie est très pénible »[2], l’efflorescence actuelle de bases de données bibliographiques et catalographiques semble susceptible de bouleverser la donne : en quoi les digital humanities sont-elles susceptibles de favoriser les enquêtes qu’Henri-Jean Martin appelait de ses vœux ? Comment redessinent-elles et réorientent-elles l’histoire du livre ? Ainsi les questions d’identification des adresses d’éditions falsifiées et des éditions clandestines continuent de faire l’objet de nombreuses études, le plus souvent ponctuelles, mais les bases de données en voie de constitution et la mise au point de logiciels de reconnaissance d’images pourraient, elles aussi, encourager des enquêtes à plus grande échelle.

Dans ce cadre, quel peut être le statut de l’enquête monographique ? Et comment celle-ci s’articule-t-elle avec de vastes synthèses comme l’Histoire de l’édition française, dont on peut sans doute mieux mesurer, trente-cinq ans plus tard, les implications sur la recherche en histoire du livre, les orientations qu’elle a données, les horizons qu’elle a ouverts (ou fermés), les actualisations dont elle pourrait faire l’objet.

De même, si bien des histoires nationales du livre ont vu le jour à sa suite, il reste une histoire globale à construire, la globalité ici évoquée pouvant s’étendre à l’Europe ou au monde. Mais comment écrire une histoire mondiale, internationale ou transnationale, du livre ? Comment s’y articuleront conceptions occidentale et orientale du livre ? Comment, aux côtés de l’histoire, se dessine une géographie du livre et de ses espaces ?

Un second axe sera constitué par les usages de l’imprimé et les pouvoirs de l’écrit, au sein desquels se confrontent prescriptions et pratiques.

Alors que l’histoire de la lecture telle que l’a initiée Roger Chartier se penche davantage sur les pratiques de lecture et l’émancipation qu’elles impliquent et révèlent, l’approche privilégiée par Henri-Jean Martin a conduit à une « extension du domaine de la prescription »[3], qui atteint son apogée dans la Naissance du livre moderne : H.-J. Martin y réinvestit les apports de la bibliographie matérielle, conçue par la « New Bibliography » comme un projet ordonné à un objet philologique, pour – au contraire – émanciper cet objet qu’est le livre de son enracinement philologique.

Cette logique poussée jusqu’au paradoxe peut conduire à interroger le dialogue entre les derniers travaux d’H.-J. Martin et une théorie littéraire qui, en privilégiant le concept d’« œuvre ouverte », semble laisser davantage de liberté au lecteur. Cette façon de voir comment le livre lui-même dicte ou cherche à dicter ses effets fait cependant écho à la façon dont Gérard Genette a cherché à définir le paratexte dans Seuils, si bien qu’il est possible d’examiner, en regard de la discipline historique, la postérité qu’ont trouvée les travaux d’H.-J. Martin dans les études littéraires, aussi bien pour le statut de l’auteur que pour le rapport entre disposition des textes et réception, ou encore pour le lien entre pensée et typographie.

Les pistes ainsi suggérées ne sont pas exhaustives et d’autres propositions seront bienvenues, sous réserve de dépasser l’apport propre d’Henri-Jean Martin au profit de perspectives plus larges sur l’histoire du livre aujourd’hui.


[1] En France : Cinquante ans d’histoire du livre, de L’Apparition du livre (1958) à 2008. Bilans et projets, F. Barbier et I. Monok éd., Budapest, 2009 ; 50 ans d’histoire du livre : 1958-2008, D. Varry dir., Lyon, Presses de l’Enssib, 2014. D'autres manifestations furent organisées à l'étranger, tel le colloque en Italie publié sous le titre La storia della storia del libro. 50 anni dopo « L'apparition du livre", Roma, Nove Grafie, 2009.

[2] Henri-Jean Martin, Les Métamorphoses du livre, entretiens avec Jean-Marc Chatelain et Christian Jacob, Paris, Albin Michel, 2004, p. 135.

[3] Ibid., p. 14.

Henri-Jean Martin

Né à Paris (19e) le 16 janvier 1924, Henri-Jean Martin est archiviste paléographe (prom. 1947), diplômé de l'École pratique des hautes études (1950), docteur ès lettres (1969).

  • 1947 : bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, réserve du département des imprimés
  • 1959 : attaché de recherche au Cnrs
  • 1962 : conservateur puis conservateur en chef des bibliothèques de la ville de Lyon
  • 1963 : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, IVe section [Histoire et civilisation du livre]
  • 1970 : professeur à l'École des chartes, chaire de bibliographie te d'histoire du livre. Professeur honoraire en 1993
  • 1975 : membre du Comité des travaux historiques et scientifiques
  • 1983 : membre de la Comission des travaux historiques de la Ville de Paris
  • 1989 : membre du conseil scientifique du patrimoine des bibliothèques publiques
  • 1989 : Grand prix Gobert de l'Académie française
  • 1985 : Grand prix d'histoire de la Ville de Paris
  • 1987 : prix Louise Weiss-Bibliothèque nationale
  • 1987 : Chevalier de la Légion d'honneur (1973 : Officier des Palmes académiques)
  • 2004 : prix de la Critique de l'Académie française
  • 13 janv. 2007 : mort à Paris

Thèse d'École (1947) : Un polémiste sous Louis XIV : Eustache Le Noble (1643-1711)

Source : Livret de l'École des chartes 1967-2007

→ Consulter la fiche Wikipédia d'Henri-Jean Martin

Pour rappel

  • 17 janv. 2017 : un premier rendez-vous, « Les Rencontres Henri-Jean Martin », organisé par l'Enssib, s'est tenue à la Bibliothèque municipale de Lyon → (re)voir les interventions en vidéo
  • 22 mai 2017 : « Un Tour de France littéraire : le piratage des livres sous l’Ancien Régime », conférence de Robert Darnton, ancien directeur des bibliothèques de l’Université d’Harvard, à la bibliothèque de l'Arsenal, dans le cadre des lundis de l’Arsenal et des rendez-vous des Métiers du livre
  • L’association Bibliopat lance sur son site un appel à témoignages, une collecte de souvenirs (textes et /ou images).

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