Gabriel Le Bras (1891-1970), canoniste

Gabriel Le Bras (1891-1970) est un des grands historiens du droit canonique français et un pionnier en France dans le domaine de la sociologie religieuse.

Gabriel Le Bras commença sa carrière en enseignant le droit romain à la Faculté de droit de Strasbourg, de 1923 à 1929. Nommé à la Faculté de droit de Paris en 1931, il succéda à Robert Génestal dans la chaire d’histoire du droit canonique créée en 1921 pour le chartiste Paul Fournier. Il a été professeur à l’École pratique des hautes études, section des sciences religieuses, de 1931 à 1964, et a assuré la direction de la V^e section de 1940 à 1951. Il a été aussi doyen de la faculté de droit de Paris de 1959 à 1962.

Il a d’abord été un historien du droit canonique et des institutions ecclésiastiques. Il a publié avec son maître Paul Fournier l’Histoire des collections canoniques en Occident depuis les Fausses Décrétales jusqu’au Décret de Gratien (1931-1932). Sa démarche originale se retrouve dans ses Institutions ecclésiastiques de la chrétienté médiévale (1959-64) et ses Prolégomènes (1955) à l’Histoire du droit et des institutions de l’Église en Occident, collection qu’il a fondée.

Canoniste ouvert à la démarche de l’historien et du sociologue, il est aux origines de l’enquête sur la pratique religieuse lancée en 1931 dans la Revue d’histoire de l’Église de France sous l’intitulé « Statistique et histoire religieuse. Pour un examen détaillé et pour une explication historique de l’état du catholicisme dans les diverses régions de France ». Il crée le groupe de sociologie des religions et entreprend, notamment avec le chanoine Boulard, d'immenses enquêtes sociologiques relatives à la pratique religieuse en France.

On devine dès lors le puissant intérêt que revêtent les archives privées de Gabriel Le Bras, léguées à l’EHESS et déposées aux Archives Nationales. Un tel fonds a suscité l’idée d’approfondir la connaissance de l’action de Gabriel Le Bras, et à travers celle-ci, de la configuration des sciences sociales en France. C’était aussi l’occasion de réunir une équipe associant des historiens du droit, des spécialistes des sciences religieuses et des sociologues du droit autour d’un projet commun sur l’histoire contemporaine de leurs disciplines et de leurs points de contact.

Le projet, financé par le Labex TransferS, a d’abord eu pour but de réaliser un inventaire de ce volumineux fonds d’archives (plus de 60 m). Il débouche aujourd’hui sur un atelier de travail confrontant de premiers résultats de la recherche sur un an avec les points de vue d’autres chercheurs ayant travaillé sur Gabriel Le Bras. Autour de ces archives s’est ainsi formée une petite équipe associant les Archives nationales (Yann Potin), l’ENS (Jean-Louis Halpérin), l’École des chartes (Patrick Arabeyre) et l’EHESS / CéSor (Dominique Iogna-Prat, Thomas Hirsch, Pierre Lassave) qui se propose de poursuivre l’enquête afin d’organiser en 2019 une journée d’études, avec le concours de la Société d'histoire religieuse de la France et sous l'égide de l'Académie des sciences morales et politiques.

Programme

Matinée : 10h-13h

Pour introduire

• Jean-Louis Halpérin (CNRS/ENS-PSL), « Le Bras en chantier »

Gabriel Le Bras et les sciences de l’Église

• Carlo Fantappié (Roma Tre/Gregoriana), « La complexité épistémologique de la science canonique selon Gabriel Le Bras »
• Discutant : Patrick Arabeyre (École des chartes)
• Alain Rauwel (CéSor), « Gabriel Le Bras et liturgie »

Perspectives de travail

• Du côté du Ministère des affaires étrangères (échange avec Yves Bruley)
• La journée de travail à l’Académie des Sciences morales et Politiques

Après-midi : 14h-16h

Au travail dans les archives Gabriel Le Bras, pour faire suite à l’atelier du 29 mai 2018 (présentation d’un choix de cartons par Thomas Hirsch et Yann Potin)