Christine Bénévent, qui succède à Annie Charon à la chaire d’Histoire du livre et de bibliographie de l'École, donne son cours inaugural intitulé « Histoire du livre, histoires de livres ».
Lundi 16 novembre 2015
- 65, rue de Richelieu, Paris 2e
- 17h
« Le bibliographe regarde les livres, il ne les lit pas »1, tandis que le littéraire lirait le texte sans voir le livre. Ce postulat assez communément partagé est pour le moins paradoxal : on se propose de l’interroger à la lumière des textes littéraires, de la « bibliography » et des approches nouvelles suscitées par l’histoire du livre à la française. De Rabelais à A. Manguel en passant par Balzac, Sartre ou Gracq, les textes ne cessent de mettre en scène leur incarnation matérielle dans un livre, condition et support de leur lecture. Or on sait désormais, notamment grâce aux travaux d’Henri-Jean Martin et de Roger Chartier, combien la mise en livre détermine la perception du texte et porte la construction de sa signification : d’un livre à l’autre, le même texte se donne à lire autrement et ne peut en vérité jamais être le même. Fondamentaux pour l’histoire de la lecture, ces constats s’avèrent également décisifs pour le philologue, dont le geste doit assurer la lisibilité du texte à partir de la pluralité des livres. Ainsi le livre, dans ses multiples métamorphoses, ne cesse-t-il d’exiger un croisement des perspectives et des horizons disciplinaires.
[1] J.-F. Gilmont, « Lettre à un bibliographe débutant », Le livre et ses secrets, Genève-Louvain, 2003, p. 19.
Discours de Jean-Michel Leniaud prononcé lors du cours inaugural de Christine Bénévent