Dominique Borne, historien, inspecteur général de l'Éducation nationale (1988-2005) donne une conférence intitulée « Comment raconter l'histoire de France ? », dans le cadre du cycle « Les grandes voix ».
Mercredi 2 décembre 2015
- 65, rue de Richelieu, Paris 2e (salle Léopold-Delisle)
- 17h
On raille volontiers les vieux récits. Faut-il abandonner nos ancêtres les Gaulois, le baptême de Clovis et l'héroïque prise de la Bastille ? L'usure des histoires de France, celles qui croyaient au destin providentiel de la patrie comme celle qui promettait des avenirs radieux, est réelle. Parce que la société, qui fut longtemps bercée par les refrains nationaux, a été bouleversée et ne se reconnaît plus dans les vieilles images. Mais aussi parce qu'on doute que la France, prise dans les évolutions européenne et mondiale, ait encore un destin - et donc une histoire - autonome.
Et pourtant notre société a encore besoin d'histoire de France, mais d'une histoire qui ne serait plus sainte. Elle a besoin d'un récit, pluraliste et discontinu, tissé avec l'histoire de l'Europe et du monde et qui devrait faire « entrer en histoire » toutes les composantes de la société française.
L'entreprise suppose une nouvelle approche des paysages nationaux, une attention plus grande aux événements qui constituent progressivement un patrimoine, une nouvelle définition du héros. Il faudrait, en somme, écrire une histoire plurielle et libre où le débat aurait toute sa place et où chacun se reconnaîtrait.