Que reste-t-il d'apocalyptique dans la compréhension médiévale de l'apocalypse ?
Le commentaire de Tyconius, récemment restitué par Roger Gryson, marque un tournant radical de l’exégèse latine de l’Apocalypse. Ce texte n’est plus une prophétie centrée sur la fin des temps assortie d’une diatribe contre Rome et son Empire du Mal, mais une révélation symbolique, a-historique, sur l’ensemble du temps de l’Église, de l’Incarnation au retour du Christ à la fin des temps. Cette volonté de déseschatologisation s’est poursuivie de la fin de l’Antiquité jusqu’au Moyen Âge central, au point que W. Kamlah s’est autorisé à formuler ce qui pourra paraître un paradoxe pour quelqu’un de non-averti : l’interprétation médiévale de l’Apocalypse est encore moins apocalyptique que celle de Tyconius et de ses commentateurs des Ve-VIe siècles. Il convient dès lors de se poser une question : les représentations médiévales de l’Apocalypse reflètent-elles la belle unanimité des commentateurs ? Devant l’effondrement d’un mythe moderne : l’Apocalypse comme image de la fin des temps, peut-on se tirer d’affaire en affirmant que les images, à l’inverse des textes, ne distinguent pas le présent du futur, mélangent et superposent le tout, comme si avec Alphonse Allais on pouvait affirmer que tout est dans tout et réciproquement.
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