• Congrès : Séminaire 2021-2022 du CEEI "Usages et valeurs du noir" (2021-12-14)
  • Directeur(s) : Centre d'Etude de l'Ecriture et de l'Image

Résumé

Michel Pastoureau souligne la remontée de la valeur « noir » pendant l’entre-deux-guerres, notamment en art et dans la mode. Cette communication a pour objet d’évaluer la pertinence de ce propos dans le domaine de l’illustration littéraire en examinant l’usage du noir ou de la couleur dans les ouvrages publiés en France à cette période ainsi que les valeurs associées à ces pratiques. Un bref survol sous cet angle de l’édition illustrée des années 1895 à 1914 est tout d’abord effectué, les choix du noir ou de la couleur réalisés après 1918 étant en partie dictés par des effets de réaction ou, au contraire, de continuité par rapport aux pratiques antérieures. Cette analyse est ensuite centrée sur l’illustration de l’entre-deux-guerres, une activité artistique abordée dans cette recherche selon une approche bourdieusienne. Nous présentons rapidement la structure du champ de l’illustration en 1930. Il est ensuite fait état des résultats d’une étude récente, centrée sur les années 1925-1935, portant sur la répartition au sein de cet espace de l’usage du noir ou de la couleur. Trois niveaux successifs d’interprétation de cette cartographie sont alors proposés, en convoquant notamment les prises de position sur le sujet de divers acteurs de l’illustration de la période, artistes, critiques ou encore écrivains. Une sorte d’union des contraires autour du noir et blanc, alliant les institutionnels de la gravure aux surréalistes, est ainsi mise en évidence, à un premier niveau, et expliquée. Mais l’existence d’autres « pontages », tout aussi opérants, en faveur de la couleur est également constatée. Si communion il y a dans le noir – l’expression est de Paul Valéry – en matière d’illustration au cours de l’entre-deux-guerres, celle-ci ne concerne donc qu’une part des acteurs du champ. Dans l’approche la plus fine déployée pour cette analyse, la phénoménologie de l’option « noir versus couleur » est appréhendée comme le résultat d’un processus complexe où l’impact de l’habitus de chaque artiste, forgé au long de son parcours, semble primer sur les effets collectifs de champ. Cet espace est donc in fine décrit comme une mosaïque où coexistent et le plus souvent s’affrontent, sur le fond blanc des pages, de multiples valeurs de noir et de couleur.

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