• Dans Matière à écrire. Les échanges de correspondance du XVIe au XIXe siècle
  • Pages : 125-143

Résumé

Expression la plus emblématique du secret diplomatique, le chiffre fascine tout autant qu’il interroge : fascination du néophyte mais perplexité inquiète du chercheur face à des signes cryptiques dont le sens lui échappe mais dont il perçoit toute l’importance. Derrière eux, se cachent des informations essentielles à la compréhension d’une politique étrangère et dont la seule volonté de les dissimuler révèle leur importance pour le bon accomplissement de négociations ou menées politiques. Par la sécurité qu’offre le chiffrement, la parole se fait plus libre, les opinions plus marquées, l’élaboration de la politique étrangère plus aisée. Si le chiffrement libère la parole, il en restreint cependant l’écriture. Chiffrer et déchiffrer des dépêches représente un enjeu quotidien pour les agents diplomatiques comme pour les bureaux du secrétaire d’État des Affaires étrangères. L’opération suppose le recours à un système d’écriture différent tant dans la graphie que dans la grammaire, un temps d’écriture comme de lecture doublé et, plus largement, une réflexion permanente sur les informations devant faire l’objet d’un chiffrement. À partir d’un corpus constitué des correspondances diplomatiques échangées entre les agents diplomatiques français dans le Saint-Empire et l’autorité royale (1617-1624) , élargi aux Mémoires de Jacques Bongars, résident auprès des princes protestants entre 1594 et 1610, il s’agit ici d’observer les modalités précises de cette transposition de l’information, de s’interroger sur l’influence du recours au chiffre dans le processus de rédaction épistolaire et plus largement sur la pratique diplomatique.

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