- Revue : Bibliothèque de l'École des chartes (157/1. Construire le temps, normes et usages chronologiques au Moyen Âge)
- Pages : 41-109
Résumé
Depuis la synthèse d'Arthur Giry (1894), nombre d'études sont revenues sur les usages que suivaient les rédacteurs d'actes pour changer le millésime des années de l'Incarnation. Leurs conclusions et de nouveaux dépouillements permettent de dresser un nouveau bilan, encore très incomplet, de la diffusion géographique et chronologique des divers « styles ». Il en ressort, entre autres, que le style de Noël a su se conserver des positions assez solides, encore qu'isolées, et que le style de l'Annonciation florentine, assez vite diffusé, l'a largement emporté dans le sud du royaume, même contre le style capétien de Pâques. Le trait le plus frappant de l'évolution réside dans le phénomène de « territorialisation » qui, à compter surtout du XIVe siècle, tend à faire des usages chronologiques une expression de la seigneurie : les progrès du pouvoir monarchique se voient ainsi à la captation de l'expression mos gallicanus, qui désignait d'abord l'usage (épiscopal) du style de l'Annonciation. La victoire du style du 1er janvier, au cours du XVIe siècle, a suivi un léger retour en force du style de Noël et plus encore la diffusion des calendriers annuels, qui liaient deux éléments autrefois disjoints, début du cycle des mois, et début du millésime, que rédacteurs d'actes et historiens ont progressivement appris à maîtriser, puis diffusé ; en ce sens, elle marque un nouveau palier dans les progrès de la communication écrite.